Alejandro Rabinovich, Milices et montoneras face aux forces de ligne : pratiques de combat au Rio de la Plata (1810-1852)
Alejandro M. Rabinovich
À partir des invasions britanniques de 1806, et notamment après la révolution de 1810, le Rio de la Plata fut un espace de guerre permanente. Des longues décennies durant, jusqu’aux années 1850’ et au-delà, il est difficile de trouver une année où l’on puisse dire que tout l’immense territoire ait été véritablement en paix . Les termes de guerre « d’indépendance », « civile », « internationale » ou « contre l’Indien » servent mal pour rendre compte d’un état de guerre généralisé et multiforme, composé d’un enchevêtrement de conflits, campagnes militaires et luttes politiques difficiles à démêler. Sur le terrain, ce que l’on retrouve est plutôt un foisonnement impressionnant de forces de guerre différentes . Des armées de ligne, certes. Mais aussi des milices de toutes sortes, des guérillas paysannes, des corps francs, des unités de guerre indiennes, mixtes, métisses. Ces forces faisaient la guerre d’après leurs propres méthodes, temps et intérêts. Leur nature même évoluait d’après les circonstances : les escadrons de ligne de la veille pouvaient devenir les milices d’aujourd’hui, quitte à se transformer en montoneras de demain, et vice-versa. Parfois elles convergeaient toutes dans un point précis du conflit ; le lendemain suivaient-elles peut-être des chemins divergents. De l’action disparate mais accumulative de ces forces découlaient une crise de l’ordre politique et social, un dérèglement sévère de la structure économique et un niveau de violence quotidienne sans précédent .
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